Hollande veut sortir du tunnel sur la sécurité

Par CHARLOTTE ROTMAN envoyée spéciale à Calais

Il a une casquette sur la tête, un gilet orange fluo. La mine sérieuse. Petite silhouette dans les ateliers de maintenance d'Eurotunnel, situés près de Calais. La société emploie 3400 personnes. Certains d'entre eux, en bleu de travail, regardent passer les bus de journalistes, sourire aux lèvres. Ce matin, François Hollande veut parler emploi, chômage, croissance. Pas sécurité, Merah, terrorisme.

Dans le train, son équipe a préparé le terrain: Bernard Cazeneuve, son porte parole a expliqué qu'on discuterait aujourd'hui de Seafrance, ou de Findus... Le thème de la sécurité? «Ce n'est pas le seul thème de la campagne, pas la principale préoccupation des Français, analyse son staff. Notre analyse depuis le début c'est que la crise fait des ravages. C'est de ça dont il faut parler.»

Eurotunnel est le premier employeur de la région Nord-Pas-de-Calais. Entourés de micros et de caméras, des responsables échangent quelques mots avec Hollande. Le bruit des machines couvre parfois leurs propos. Un quart de la marchandise consommée en Angleterre transite par ici. Transportée par 1,2 millions de camions par an. Jack Lang qui a pris le train depuis Paris pour accompagner le candidat, opine du chef. On se dit, ah, ça doit être important, alors.

Eviter d'aller sur le terrain de Sarkozy


Puis, très vite, Hollande se dirige vers sa voiture. Un journaliste, l'un des 95 accrédités, crie: «Est ce que vous allez aller sur le terrain de Nicolas Sarkozy, sur la sécurité?». Peine perdue, le candidat s'engouffre dans sa voiture. Impossible, à ce stade, d'affirmer qu'il a répondu quelque chose.

Mais heureusement, il y aura d'autres occasions. C'est ça, les journalistes qui suivent un candidat dans la course présidentielle, ils s'en fichent que le déplacement de ce mardi soit dédié à la mer et l'économie maritime (que soit dit en passant François Hollande a promis de «protéger» dans ses 60 engagements pour la France). Eux, ils font chauffer l'actu.

Pour la suite de la visite, sur le site d'Eurotunnel, François Hollande a devancé tout le monde. Des photographes se mettent à courir pour le rattraper, à l'entrée du tunnel transmanche. «Quand on arrivera sur place, il sera déjà arrivé de l'autre côté», plaisante l'un d'eux. Sur le seuil, trois rangées de journalistes bardés de matériel audiovisuel sont agglutinés les uns sur les autres. Zoom sur le vide. Pas un chat. Pas un candidat. Quelques minutes d'attente, sous le soleil. Puis du mouvement. «Monsieur Hollande! Monsieur Hollande! Par ici! s'agite une journaliste télé. Il était temps que l'on reparle de l'emploi, dans la campagne présidentielle?» Ah ça, c'est du pain béni. «Qui m'a posé cette question?», sourit Hollande. Qui en profite pour faire mine de ne pas se défiler: «On peut parler de tous les sujets, dans la campagne (...) Je n'oublie pas le drame de Toulouse.» Puis il embraye sur le chômage. Et «l'échec politique» de Sarkozy de l'avoir laissé s'envoler.

Sources : http://www.liberation.fr/politiques/01012398617-hollande-veut-sortir-du-tunnel-sur-la-securite