Sale semaine pour Sarkozy

« Les merdes, ça vole en escadrille ». Cette semaine, Nicolas Sarkozy aurait pu faire sienne la maxime chiraquienne. Après un lancement de campagne réussi où le Président-candidat a concentré l’attention des médias sur lui, la semaine a moins souri à Nicolas Sarkozy.

Hué et sifflé jeudi par des opposants à Bayonne, le chef de l’Etat a tout de suite mis en cause le Parti socialiste, dénonçant « l’épuration » que veut faire François Hollande au sommet de l’Etat. Attaque tout de suite dénoncée comme excessive par le PS. Le corrézien parle d’une « culture de l’outrance ». L’épisode met surtout à mal le plan com’ de Nicolas Sarkozy. Lui qui se présente comme le candidat du peuple se retrouve obligé de se réfugier près d’une heure dans un bar pour éviter les quolibets de la foule. Et s’il s’agit surtout d’indépendantistes basques, l’image est là. Elle fait mal. D’autres reviennent : les pêcheurs du Guilvinec et le « Casse toi pauv’con ». L’image d’un Président dont la relation avec les Français semble cassée et d’un anti-sarkosysme aujourd’hui solidement ancré.

Coup tactique de Hollande

Après sa déclaration, son idée d’utiliser le référendum à tout va a fait le débat, face à un candidat PS à sec, dont le projet est connu depuis fin janvier. Mais cette semaine, Hollande a réussi à renverser la vapeur. Il assurait ne pas vouloir faire de propositions nouvelles. Il a changé d’avis. Tactiquement bien joué. Sa proposition de taxer à 75 % les revenus supérieurs à un million d’euros à eu trois effets : éclipser en partie celle de Nicolas Sarkozy d’avoir moins de professeurs mieux payés et imposer l’agenda médiatique ; renvoyer le chef de l’Etat dans ses habits de Président des riches. En dénonçant la mesure, Nicolas Sarkozy s’y renferme lui-même ; et contenir Jean-Luc Mélenchon sur sa gauche.

Comme si Nicolas Sarkozy n’avait pas assez à faire de ses ennemis, ses amis ne lui facilitent pas la tache. Le ministre de l’Intérieur a qualifié le FN de parti « nationaliste et socialiste ». La porte-parole Nathalie Kosciusko-Morizet s’est trompée sur le prix du ticket de métro, un classique, Henri Guaino a perdu ses nerfs face à un conseiller général PS. Les ministres eux, sont absents de la campagne. Mais ils ne sont pas non plus mis en avant. Nicolas Sarkozy lui-même y est allé de sa bourde, annonçant que la journaliste française Edith Bouvier était en sécurité au Liban, alors qu’elle n’y était pas encore. Sans la nommer, il a mis en cause la compagne de François Hollande Valérie Trierweiler, pour son émission sur Direct 8. Pour compléter le tableau, le Conseil constitutionnel a censuré la loi, soutenue par le Président, punissant la négation du génocide arménien.

Les courbes des sondages ne se croisent pas

Last but nos least, les sondages. Nicolas Sarkozy et son équipe espèrent un croisement des courbes. Il serait symbolique et pourrait créer une dynamique. La tendance semblait être la bonne, un sondage donnant un point d’écart entre les deux adversaires. Or c’est l’inverse qui arrive, selon le baromètre quotidien Ifop-Fiducial, pour Paris Match et Europe 1, avec lequel Public Senat est partenaire tous les 15 jours. Sarkozy, qui perd 1 point, se retrouve à 3,5 points de Hollande, qui en gagne 1.

Ce vendredi midi, lors d’une conférence de presse à Bruxelles pour le sommet européen, Nicolas Sarkozy a remarqué ces derniers mois une chose: « Derrière un ennui pouvait arriver un autre ennui ». Il parle de la crise. A moins qu’il s’agisse de lui.

Sources : http://www.publicsenat.fr/lcp/politique/sale-semaine-sarkozy-218266