Hollande prépare sa riposte

Les sondages se suivent et ne se ressemblent pas. Hier matin, une enquête Ifop plaçait pour la première fois François Hollande derrière Nicolas Sarkozy au premier tour. Mais dans la soirée, l’institut TNS Sofres le donnait toujours en tête (30% contre 26%), notant même une baisse de 2 points du président-candidat.

Qu’importent ces écarts, Hollande a choisi hier de sortir, d’innover à l’approche du printemps en tenant un meeting en plein air sous le soleil de la Drôme, à Valence. L’occasion de remobiliser son camp.

Cibler Sarkozy

« Un sondage nous serait moins favorable que les autres ? interroge Hollande. Je les regarde, mais ce qui compte c’est le vote des Français dont je ne sais rien et à qui nous devons tout. » Pas question donc de disserter sur ces enquêtes contradictoires. Ce qui n’empêche pas d’ailleurs certains dans son entourage de voir un « avantage pédagogique » au sondage plaçant Sarkozy en tête.

« Il sonne comme un signal de remobilisation », estime ainsi Manuel Valls, le directeur de la communication. Au kiosque à musique du Champ-de-Mars où 2000 personnes sont venues l’écouter, Hollande a sa propre méthode pour remotiver ses troupes : souffler sur les braises de l’anti-sarkozysme. Il moque ainsi les « confidences » du discours de Villepinte. « Elu président, il a appris […]. Un quinquennat n’est pas un stage d’apprentissage », tacle Hollande qui raille un candidat « touché par les révélations » : le chômage, le déclin de l’industrie, etc. « C’est la Grosse Bertha aujourd’hui », glisse (ravi) le jeune député de la Loire Régis Juanico.

Appel déguisé au vote utile

C’est l’autre volet de la contre-offensive Hollande : conjurer la dispersion des voix à gauche au premier tour. Une urgence alors que les socialistes reconnaissent la bonne campagne de Jean-Luc Mélenchon et craignent « l’effet loupe » dont pourraient bénéficier les « petits » candidats avec l’égalité des temps de parole à la télé et à la radio à partir du 20 mars. L’expression « vote utile » n’est pas utilisée mais c’est du pareil au même. « C’est au premier tour que la dynamique se crée, que les écarts se font, c’est le premier tour qui fait le second », avertit Hollande.

Certes, le socialiste prétend « respecter les autres candidats de la gauche, qui ont leur place ». Mais, ajoute-t-il, « ce qui m’habite, moi, c’est que je veux gagner l’élection ». Sous-entendu, d’autres, comme Mélenchon, n’en ont pas la possibilité.

Mobilisation de terrain

Pendant que Hollande mouille la chemise à Valence, son directeur de campagne sonne la charge au QG parisien. « La campagne se jouera au porte-à-porte et au final au corps à corps », prévient Pierre Moscovici qui lance la liste des initiatives de terrain. Frapper à 5 millions de portes, des caravanes dans les quartiers populaires, des initiatives sur les campus, la création de comités de soutien… Le PS ne veut rien laisser au hasard. « C’est une approche qui tranche avec celle de Sarkozy, s’enflamme Moscovici, il se complaît dans les grand-messes, nous, nous voulons créer un mouvement par la base. »

Et une annonce surprise ?

Reste aussi à ne pas donner l’impression d’être à court d’idées. Sarkozy a fait un coup avec sa mesure sur les exilés fiscaux. Hollande, lui, n’a rien annoncé depuis la création d’une nouvelle tranche d’imposition à 75% il y a quinze jours. Demain, le socialiste est attendu sur France 2 pour « Des paroles et des actes ». L’occasion d’une nouvelle annonce ? Lundi, réunis dans un restaurant italien, les pilotes de la campagne et lui en ont discuté. « C’est sa dernière possibilité de le faire à une heure de grande écoute avant le 20 mars », encourage le député Olivier Dussopt. A moins que Hollande ne choisisse ce soir, lors de son meeting qui promet d’être chaud à Marseille, dans les Bouches-du-Rhône.

Sources : http://www.leparisien.fr/election-presidentielle-2012/candidats/hollande-prepare-sa-riposte-14-03-2012-1904961.php