Laurent Fabius, atout maître de Hollande face à Sarkozy

L'affiche de Des paroles et des actes, l'émission politique de France 2 qui semble, à l'aube de la campagne, tirer son épingle du jeu en termes de programmation, d'audience et de buzz, sera encore belle mardi soir. Le débat opposera Nicolas Sarkozy à Laurent Fabius, le président sortant-candidat à sa succession à l'ancien plus jeune Premier ministre de France, récent mais convaincu converti au hollandisme.

Ce débat de poids lourds est inédit, alors, au PS, on refuse le jeu du pronostic. À la question "qui va manger qui ?", Benoît Hamon, porte-parole du PS interrogé par quelques journalistes, s'exclame : "Personne ne va manger personne ! Personne ne se mange à ce niveau-là... Les morceaux sont trop gros..." Bernard Cazeneuve, porte-parole du candidat PS François Hollande, issu du courant fabiusien, attend de son mentor qu'il hausse le niveau d'une campagne présidentielle qui déçoit les Français. "Laurent Fabius, c'est une authenticité politique, une capacité d'analyse supérieure, une capacité de confrontation assez forte. C'est l'expertise, la courtoisie."

"Pas de place pour la rancoeur"


Une courtoisie que n'a pourtant pas toujours été de mise avec... François Hollande. Les deux hommes se sont à de nombreuses reprises affrontés dans des batailles internes, une confrontation qui a atteint son paroxysme en 2005, avec le débat sur le référendum européen. Hollande, alors premier secrétaire du PS, défendait le "oui" quand Fabius prenait la tête des "nonistes".

Mais Hollande a décidé de rassembler... "J'aurais pu lui dire : tu m'as contrarié, je t'ai empêché, nos routes se séparent. Mais lorsque l'on gagne, il n'y a pas de place pour la rancoeur", nous confiait récemment le candidat qui a remporté la primaire PS en octobre.


Le 15 février, sur la scène du Zénith de Rouen, Hollande officialisait la réconciliation lors d'un vibrant hommage à Fabius. "Je mesure chaque jour sa contribution à ma campagne et le travail qu'il a mené pour préparer la première année de l'alternance, là où tout se décide", disait-il de celui qu'il a chargé de le représenter notamment en Chine et au Proche-Orient.

"J'ai donc besoin de lui et j'en aurai davantage besoin après l'élection présidentielle." Pour l'instant, c'est mardi soir qu'il a besoin de lui. Après la présidentielle, le ministère des Affaires étrangères serait un point de chute acceptable pour Fabius. Au moins.

Par Charlotte Chaffanjon

Sources : http://www.lepoint.fr/politique/election-presidentielle-2012/laurent-fabius-atout-maitre-de-hollande-face-a-sarkozy-05-03-2012-1438100_324.php